Où trouver le courage de vivre quand tout semble s’effondrer

Quelqu’un m’a dit un jour, «La vie c’est une beurrée de marde,
plus ça va moins il y a de pain
»

                                                                                                 mais je n’y crois pas.

À votre santéJe regarde autour de moi et j’y voit enfin l’accomplissement  d’une vie. Le résultat concret issu d’une suite de tentatives échouées et de réussites, supporté par ceux et celles que j’aime. J’ai passé à travers toutes les difficultés et les plaisirs de créer et d’inventer. J’ai réalisé presque tous mes rêves côté professionnel. Je regarde autour de moi et je suis le plus riche des hommes sur cette terre.

Et pourquoi suis-je le plus riche?

Tout simplement parce que ceux et celles qui m’entourent font ma fortune, mes enfants me comblent de joie. J’adore mon travail d’enseignant avec les jeunes, je suis impliqué dans le domaine des arts et de la création en tant qu’auteur et j'ai été administrateur fondateur d’un OSBL dédié au développement artistique. J’ai tout dans la vie, famille, amis, travail, voiture, maison, vraiment tout.Tout ce dont j’ai besoin je l’ai en abondance. Je pourrais peut-être avoir deux voitures, mais pourquoi? Je ne peux en conduire qu’une seule à la fois. Pas plus une maison plus grande, puisqu’on ne vit de toute façon que dans une pièce à la fois.

Et pourtant! À travers ces réussites d’une vie  (amour, famille, ami, travail),  j’ai passé l’hiver des émotions. Il y de ces périodes dans la vie, où les drames s’abattent sur soi, brisant à la fois le réceptacle fragile du bonheur et les absolus de l’existence. Ces rocs solides qui maintiennent ensemble l’enchevêtrement complexe des valeurs et des obligations de nos vies. Devant les brisures de l’âme causées par la mort des êtres proches et les cassures de l’amour lorsque s’en va l’être aimée, quelque soit l’effort de la volonté ou l’énergie déployée rien n’y fait. Ces instants de brisures éraillent les rouages mêmes du mécanisme intérieur du soi. Ils nous rappellent la fragilité de la vie et la petitesse de notre humanité devant l’incommensurable grandeur des âges. Cette variabilité du possible, où l’être passe au non-être, le temps d’un souffle expulsé, nous rappelant qu’il y a ces instants inévitables de rupture comme la mort ou la fin d’un grand amour. Ces moments charnières, dont nous pouvons dire qu’il existe l’avant et l’après.

J’ai cherché en vain le sens du pourquoi de la vie et de la mort. J’ai essayé de comprendre le pourquoi de l’amour qui s’allume et s’éteint si rapidement comme la flamme d’une bougie. Ce feu porteur de lumière, qu’un simple soupire expiré ou une brise légère peut éteindre et que seule l’étincelle de la passion nouvelle peut rallumer. J’ai laissé trop longtemps le questionnement «du pourquoi du pourquoi» de l’existence envahir mon esprit comme une incessante quête, à force j’en ai oublié de vivre. J’ai saisi au moins que tout ce mal qui m’a broyé, a fait de moi quelqu’un de meilleur, au moins un petit peu. Mon humanité s’est révélé en moi simplement, me rappelant ma finitude.

J’ai réalisé que la vie et l’amour sont fragiles, que le temps passé ne revient pas. J’ai compris bien peu, mais j’ai tout compris. J’ai saisi toute la valeur de la vie, ce trésor unique donné à chacun, comme un don précieux de dieu. L’amour donné n’est jamais perdu, puisqu’à tous les instants il enrichit notre vie. Même si parfois les amours passées nous brisent. Nous broient jusqu’à la moelle même. Nous cassent comme un simple fétu de paille. Nous déchirent l’âme en pièces comme le feraient les griffes d’un félin blessant sa proie à mort, nous arrachant la moitié du corps d’un simple coup de patte. En dépit de tout ça, après l’hiver des émotions, ce passage à vide dans l’immensité d’un désert de blanc et de froid, comme le Phénix renaissant des ses cendres, la lumière de la joie de vivre a repris sa place.  Je suis le seule à pouvoir vivre ma vie, alors c’est à moi qu’il incombe de rendre grâce à Dieu en la vivant en abondance.

«Vivre! pour voir poindre le jour, Vivre! pour aimer jusqu’à ne plus soif.

Vivre passionnément! Vivre tout simplement!»{jcomments on}