Il y a plus de 2000 ans, le philosophe Aristote à dit un jour : «Il y a trois types d'hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont en mer».

Julien Bergeron a dit un jour :

«Il y a trois types d'hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont en moto taxi à Haïti.»

En moto taxi à Haiti

Le conducteur de mototaxi à Haïti est une sorte de chevalier qui chevauche son animal de métal en fonçant à toute allure et zigzagant à travers les voitures et les camions. C'est le moyen le plus efficace pour se transporter dans la ville de Port-au-Prince. En effet, en raison du peu de routes pavées, de la quantité de véhicules, ainsi que d'une quantité minime de feux circulations fonctionnelles (J'en ai vu deux) la circulation possède ses propres règles.

Pour me transporter à Port-au-Prince, j'ai trois choix, louer une voiture (la plus suicidaire des solutions), monter dans des boites de pickup qu'on appelle «taptap» couverte en groupe de 12 personnes environ parfois plus (la plus économique), ou la mototaxi (la plus rapide).

Premièrement, il importe de dire qu'ici une moto n'est pas un moyen de transport deux personnes, mais de trois places plus les sacs d'épicerie. Je me suis fixé des règles, je monte toujours avec un chauffeur qui n'as pas de casque. Je me sens plus en sécurité quand le cavalier partage les risques avec moi. Je n'ai pas de casque, il n'a pas de casque, pas plus compliqué que ça. J'ai pris cette décision lorsque je suis monté sur une mototaxi, regardant le casque tout bossé et cassé du chauffeur devant moi, je ne me sentais pas gros dans mes culottes, comme on dit au Québec.

Voici comme fonctionne une course en mototaxi.

Tout d'abord, mon amie haïtienne Sandy négocie un prix pour la destination. Lorsqu'il faut se rendre quelques parts, nous attendons que passe une mototaxi sur le côté de la route.

— «Moto» crie alors Sandy pour que la moto revienne vers nous.

Lorsque ce n'est pas un chauffeur habituel, commence alors la négociation du prix. C'est toujours une sorte de lutte à finir entre le chauffeur et la négociatrice en chef, Sandy.

— «Konbyen wap potem ale …» qui se traduit par «Combien ça coûte pour aller à cette destination».

Presque invariablement, à la fin des négociations nous faisons mine partir, le chauffeur nous rappelle et nous montons sur la moto.

Il y a 5 voies de circulations à Haïti. Les deux premières sont officielles et sont réservées à tous les véhicules (moto, camion, taptap, etc.). Il s'agit de la voie de droite et la voie de gauche qu'on retrouve dans tous les pays. Les trois autres sont des voies informelles utilisées par les motos. L'accotement de droite, celui de gauche et l'allée centrale entre les véhicules. Les motos circulent carrément sur la ligne jaune dans les deux directions aussitôt qu'il y a de la place, généralement il y en a.

La mototaxi n'arrête jamais, que ce soit sur la voie du centre, par la droite et même sur l'autre accotement elle continue sans relâche.

Le chauffeur de mototaxi trouve toujours le moyen de poursuivre sa route à travers les voitures qui avancent à pas de tortues. C'est un chevalier qui a une mission, ne jamais s'arrêter en route, et mener ses passagers à destination en un seul morceau.

Des petits gestes de la main avec l'index pointant dans différentes directions ou la main ouverte indiquent aux autres véhicules les différentes manoeuvres anticipées. Autant le chauffeur que la passagère avec moi utilisent ces petits signes à chaque fois qu'il le faut.

Les rétroviseurs sont parfois optionnels, mais le klaxon indispensable, surtout dans les carrefours achalandés sans signalisation our les véhicules se croisent dans toutes les directions.

J'en arrive maintenant aux grandes questions : la moto taxi est-elle dangereuse? La réponse est : certainement OUI, selon les critères de notre société québécoise.

J'ai le gout de dire «Ne faites pas ça à la maison, nous sommes des professionnels», en effet, les conducteurs de mototaxi passent souvent 10 heures par jours à conduire dans cet environnement. Ils savent ce qu'il font et je me fie à leur professionnalisme. De plus, la vitesse de croisière est d'environ 30km/h avec parfois des pointes à 40km/h, c'est rapide certes si il y a accident, mais il ne s'agit pas d'extrême vitesse.

Je prends un risque calculé, avec ces professionnels de la route chevauchant leur bête de métal à travers les méandres des routes de Port-au-Prince. En plus, ce n'est pas dans n'importe quel pays qu'ont a l'impression de faire une tour de manège à tous les jours LOL.

 J'aime Haïti, et pour ceux et celles qui s'inquièteraient de moi, je suis prudent.